Sommaire
- 1 Avant le départ : « souhaitez-moi bonne chance«
- 2 Le « mur » de la Palomière : premier avertissement
- 3 Ça repart : remettre du rythme sans se griller
- 4 Approche du premier col : trouver un groupe, rester dans ma bulle
- 5 Col d’Aspin : mon premier vrai col
- 6 Ravitaillement : faire le plein avant le gros morceau
- 7 Col du Tourmalet : chaleur, fatigue, et gestion mentale
- 8 La descente : récupérer sans se mettre en danger
- 9 L’arrivée : la ligne droite après 155 km
- 10 Analyse à froid
- 11 Matériel & gestion
- 12 Conclusion : une première vraie journée de cols
Je me lance sur une GFNY à Lourdes avec un truc très simple en tête : deux cols à passer… et une vraie inconnue. Parce que des cols, en course, je n’en ai jamais fait.
Au programme : une journée longue (autour de 157 km), un départ qui roule vite, et ensuite… la montagne.
Et ce jour-là, en plus, la chaleur est bien là.
Avant le départ : « souhaitez-moi bonne chance«
Sur la ligne, je le dis sans faire le malin : ça risque d’être technique. Pas juste physiquement, mais aussi dans la gestion.
Je sais rouler vite sur le plat, je sais relancer. Mais un col, un vrai, long… je ne sais pas comment je vais réagir.
Top départ. Je me cale dans les bonnes roues. Ça part fort, au-delà de 40 km/h, et je me répète un truc basique : ne pas s’épuiser. La journée est longue.
Lire aussi : sur Strava, on peut y voir ma vitesse réelle dans les montées !
Un début qui roule, et une organisation rassurante
Dès les premiers kilomètres, je sens que c’est carré : routes bloquées, panneaux, virages signalés, zones dangereuses indiquées. Ça change tout, surtout quand tu sais qu’il y aura des descentes et des épingles.
Et justement, très vite, je me retrouve à jouer avec la vitesse : en quelques secondes, on est déjà à 40 km/h, avec des virages serrés, des 180° où tu arrives vite et où tu ne vois pas toujours la sortie. J’aime bien ce pilotage, mais je garde en tête que ce n’est que le début.

Le « mur » de la Palomière : premier avertissement
On arrive sur une première bosse qui ne paye pas de mine sur le papier… sauf qu’en vrai, elle pique. Et surtout, elle arrive tôt : on n’est « que » vers les 20 km depuis le départ et je vois déjà des gars dans le dur.
Ça grimpe franchement. Je ne sais même pas à combien de pourcent… je lâche un « peut-être 10%« , mais je sais une chose : ça fait mal. Je me retrouve à 5 km/h, un peu planté, à attendre que ça se termine.
Je sors « les watts » pour me dégager, juste pour passer ce moment sans me mettre au rupteur. C’est le premier rappel : aujourd’hui, il faudra accepter d’être parfois lent… et de rester calme.
Et comme souvent en montagne, il y a aussi ce petit truc qui aide : le public. Je prends le temps de remercier, de lever la main. Ça ne fait pas monter plus vite, mais ça remet la tête à l’endroit.

Ça repart : remettre du rythme sans se griller
Après ce passage, je souffle par moments. Je double quand je peux, sans me mettre dans le rouge. J’avance avec une logique simple : rouler « propre », limiter les coups de chaud inutiles.
Il y a même un peu de brouillard à un moment, et ça me fait lever le pied en descente : si la visibilité est moyenne, je préfère rester lucide. Je sais que je vais déjà avoir assez à gérer avec les cols.
Sur le plat, quand ça déroule, je me fixe un objectif : garder un tempo. Je me dis : 30 à 35 km/h quand c’est possible, pour garder du rythme et « prendre du temps » tant que la route me convient. Je regarde mes sensations : 145–146 bpm, ça reste contrôlé… même si l’effort est continu.
Et parfois, ça file à 50 km/h. Là, je me contente de suivre et de rester placé. Pas besoin d’en faire trop.
Approche du premier col : trouver un groupe, rester dans ma bulle
Je finis par accrocher un petit groupe juste avant le premier col. On roule ensemble, on discute un peu. Rien d’extra, mais ça aide : tu ne te retrouves pas seul avec tes pensées, et tu peux te jauger aussi à l’effort des autres.
Et puis ça y est. Le panneau tombe.

Col d’Aspin : mon premier vrai col
Début du col d’Aspin. Je le dis clairement : c’est mon premier vrai col.
Pendant 12 km, ça monte. Pas forcément en mode « mur » tout du long, mais suffisamment pour te mettre dans un effort régulier, celui où tu sens que tu vas passer du temps.
Je pars sans m’affoler. Le rythme est plutôt cool au début, on ne force pas trop. Je reste dans une intensité où je peux respirer, où je ne me mets pas à la limite dès les premières rampes.
Je suis chargé : gels Nutripure, barres Clif, j’ai de quoi faire. Et surtout, je sais que si je me mets trop haut trop tôt, je vais le payer plus tard.
La fin du col : silence, lenteur… et lucidité
Plus on monte, plus ça se calme. Il y a un gros silence, et c’est assez marquant : moins de bruit, moins de paroles. Chacun est dans son effort.
À un moment, je parle avec un cycliste à côté de moi : il est en électrique, avec 50 kilos de bagages. Sur le coup, ça me fait sourire, mais c’est aussi ça la montagne : chacun sa journée, chacun sa façon de la traverser.
Je me dis qu’il reste encore 2 km avant le sommet. Dans la pente, je sais que je vais naviguer autour de 9 à 10 km/h. Je ne triche pas : je ne suis pas rapide, mais je monte.

Ravitaillement : faire le plein avant le gros morceau
Je vois le ravito, bien posé, pratique : boire, manger, remplir. Je recharge surtout en eau parce que la chaleur commence à peser.
Et là, je mets des mots sur ce que je vis : on est autour de 32–33 degrés. Et sans ombre sur la route !
Je remplis deux gourdes, je prends à manger.
Je me prépare vraiment pour la suite : deux barres Clif, et je bois aussi deux verres de coca. Je sens que j’en ai besoin, pas pour « performer », mais pour tenir.
Parce que je sais ce qui arrive : le Tourmalet.
Col du Tourmalet : chaleur, fatigue, et gestion mentale
Je repars, et je fais une erreur bête : je crois qu’il n’y a pas de ravitaillement… alors qu’en fait il est juste après. C’est simple : je n’ai pas retenu le parcours.
Et quand ça attaque vraiment, ça ne pardonne pas.
Je le dis : ça démarre au 92e km. Ça fait déjà un bon moment que je roule (je parle de 5 heures d’effort) et je sens que le corps est déjà bien « entamé ». Rien de dramatique sur le moment, mais tu n’es plus frais. Tu montes avec ce que tu as.
Il fait chaud, très chaud. Je vois des gens arrêtés sur le côté. Abandon ? Pause ? Je ne sais pas. Mais je comprends : sous cette température, en plein soleil, ça use vite.
Je me retrouve à zigzaguer, comme beaucoup. Je regarde la cadence : 40 tours/minute. C’est très bas. Je n’arrive pas à forcer comme je voudrais. Et mentalement, je sens une petite bascule : un moment où tu es un peu « abattu », pas au sens d’abandonner, mais au sens où tu sais que ça va être long.

“Je roule à 5–6 km/h… et je calcule«
Il y a un passage où je tombe à 5–6 km/h. Et là, dans ma tête, je fais le calcul du cycliste :
« Il me reste 10 km… donc je vais pédaler deux heures là-dedans. »
Ce n’est pas le chiffre en lui-même qui fait mal, c’est ce que ça te fait dans la tête. Tu te vois coincé dans la pente, sans ombre, à avancer mètre par mètre.
Je me répète alors la seule règle : monter au rythme que je peux. Le but, c’est d’arriver. Point.

Les derniers kilomètres : pas d’ombre, mais un sommet en vue
Ça continue. Je le dis même : il n’y a pas d’ombre. La température est difficile à gérer. Mais je m’accroche.

À l’approche du sommet, je sais que ça va passer. Le dernier kilomètre est plus « simple » mentalement : parce que tu vois la fin. Je fais même un petit coucou aux moutons, juste pour me sortir deux secondes de la pente.
Et puis je le sens : le soulagement. Je vois le haut.

La descente : récupérer sans se mettre en danger
Une fois basculé, je change complètement d’objectif : récupérer, mais rester vigilant.
Je sais que ça fait 6 à 7 heures que je roule (je ne sais plus exactement sur le moment), et je ne veux pas faire le héros. Je descends propre, je laisse filer quand c’est sécurisant, je freine quand il faut.
Je sais aussi qu’il y a 30 km de descente. Donc j’en profite : je récupère, je respire. Je suis des gars devant moi.

Je vois un coureur juste devant, et je me dis qu’il finit peut-être une minute devant moi. Moi je suis loin, mais ce n’est plus le sujet : je suis dans la gestion de fin de course.
Et sur le roulant de descente, je retrouve des sensations plus « faciles » : ça peut rouler à 60 km/h, et parfois je suis surpris de tenir 40 km/h avec peu de watts. La pente t’emmène, et toi tu te contentes d’accompagner.

L’arrivée : la ligne droite après 155 km
La fin se fait sur une longue ligne droite. Je vois l’arrivée, je termine cette journée de montagne.
Je coupe, je souffle. C’était long.
Et quand je regarde le temps : 8h50. Après, il y aurait eu plus de 20% d’abandons ce jour-la…


Analyse à froid
Ce qui a fonctionné
- Le départ géré : me caler dans les roues sans partir à bloc, accepter que la journée ne se gagne pas dans les 20 premiers kilomètres.
- Le pacing dans l’Aspin : monter sans me satelliser, rester dans une intensité respirable.
- Les ravitaillements : remplir, manger, boire au bon moment (eau, coca, barres, et ce que j’avais sur moi).
Ce qui n’a pas fonctionné
- Le Tourmalet dans la chaleur : la combinaison fatigue + soleil + pente, ça m’a mis dans un effort très lent.
- Le mental quand la vitesse tombe : le calcul « 2 heures à 5-6 km/h » m’a pesé. J’ai dû revenir à un objectif plus simple : avancer.
- Ne pas avoir retenu exactement l’emplacement du ravitaillement avant/pendant le Tourmalet : ça ajoute du stress inutile.
- Avoir trop regardé la vitesse à certains moments, alors qu’en montagne ça ne raconte pas grand-chose.
Matériel & gestion
Je n’ai pas changé de vélo au milieu, évidemment, mais j’ai surtout retenu un point : en montagne, le matériel le plus important, c’est ce que tu arrives à mettre dans le corps.
Ce jour-là, j’avais :
- gels et barres dans les poches,
- de quoi remplir,
- et j’ai utilisé le ravito pour repartir avec deux gourdes (indispensable à 32–33°C),
- plus deux verres de coca et deux barres Clif quand je sentais que ça devenait limite.
Conclusion : une première vraie journée de cols
Sur cette GFNY à Lourdes, j’ai découvert ce que ça veut dire : monter longtemps, gérer la chaleur, accepter de rouler lentement, et continuer quand même.
Je retiens surtout deux choses :
- en montagne, la tête compte autant que les jambes,
- sous la chaleur, l’eau et l’alimentation deviennent un vrai facteur de survie sportive.
La prochaine fois, je garderai le même objectif : avancer, gérer… et sortir un peu moins la calculette quand la pente me met à 5 km/h.








