Sommaire
- 1 Avant le départ : l’envie… et la peur des bosses
- 2 Début de course : première bosse au bout de 600 mètres
- 3 La vitesse, la descente, et la route défoncée
- 4 Deuxième tour : « je suis toujours là !! »
- 5 Les bosses : mon point faible qui revient me chercher
- 6 Km 35 : ça s’accélère, et je refuse de décrocher
- 7 Le virage à angle droit : 600 watts et zéro discussion
- 8 Vers la fin : « heureusement que c’est 8 tours…«
- 9 Le dernier tour : la bascule mentale
- 10 Les 5 derniers kilomètres : je suis devant… et je panique presque
- 11 Les 3 derniers kilomètres : je commence à m’amuser
- 12 Le dernier kilomètre : ça frotte, ça se serre… et je me fais piéger
- 13 Analyse à froid
- 14 Matériel & gestion
- 15 Conclusion : une étape qui change tout
J’ai une petite obsession depuis mes premières UFOLEP : tenir le peloton du début à la fin. Pas « survivre 10 minutes », pas « exploser à la première bosse », mais vraiment faire la course dans le groupe, au cœur du truc.
À Abzac, sur un circuit de 8,5 km à faire 8 fois, j’y suis allé avec une idée simple : être propre, être patient… et surtout ne pas revivre Mérignac avec ses relances qui te finissent mentalement.
Avant le départ : l’envie… et la peur des bosses
Au départ, je suis chaud. Pas en mode « je vais gagner », mais en mode « aujourd’hui, je veux jouer avec eux ».
Le circuit a l’air roulant, nerveux, avec des virages sympas, une descente rapide… et des bosses. Et moi, les bosses, c’est clair : c’est mon point faible.
Je sais déjà ce qui va se passer : ça va accélérer, le peloton va s’étirer, et si je laisse 2 mètres… je vais me retrouver à combler des trous comme un âne. Donc mon plan est simple : bien me placer tôt, éviter les élastiques, et m’accrocher.
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Début de course : première bosse au bout de 600 mètres
C’est parti. Et à peine le temps de respirer : première bosse après 600 mètres.
Direct, je me dis : « Ok, pas le droit de lâcher là. » Je m’accroche, je serre les dents. Bonne surprise : le peloton ne part pas comme un missile. En haut, on est autour des 30 km/h, et franchement… ça me va.
Juste derrière, ça enchaîne : droite, gauche, encore droite. Le genre de passages où ça s’étire vite si t’es dans le fond. Et moi, au début, je suis plutôt dans le paquet, pas devant. Donc je décide d’avancer, parce que je ne veux pas faire l’erreur classique : subir et exploser.

La vitesse, la descente, et la route défoncée
Et là… gros kiff : ça file. On prend de la vitesse, ça roule fort, 50 km/h, et je m’entends rigoler. Oui, rigoler. Parce que malgré la tension, je suis content d’être là.
Ensuite, ligne droite… sauf que la route est défoncée. Vraiment. Les vélos sautent, ça tape, et pourtant on est à 60 km/h. À ce moment-là, je suis à fond, à droite, en mode survie propre : cadence à 106-107 tours/min. Ça pédale vite, ça vibre, ça bouge, mais c’est ça que je venais chercher.
Je jette un œil au scénario : pas encore d’échappée claire. Mais ça sent les tentatives. Parce que sur le plat, parfois, ça met des grosses relances sans raison. Pour moi, c’est évident : le peloton contrôle, ça réagit, ça bouche, ça repart.
Deuxième tour : « je suis toujours là !! »
On repart et je me surprends moi-même : deuxième tour… je suis toujours là. Et je le dis presque comme un exploit.
Parce que d’habitude, à ce moment-là, j’ai déjà fait une erreur de placement, ou je me suis fait déposer sur une bosse, ou j’ai grillé une cartouche inutile.
Là, je sens que le circuit me convient : c’est roulant, les virages sont larges, on garde de la vitesse, et je commence à mieux comprendre le rythme. Je me place mieux. Rien à voir avec ma course précédente à Mérignac.

Les bosses : mon point faible qui revient me chercher
Évidemment… dès que ça monte franchement, je sens que ça coince.
Sur le plat, je peux « faire le moteur ». Mais en bosse, dès que ça accélère, j’ai l’impression d’être à l’arrêt alors que tout le monde continue.
Je me répète un truc : « Ok, si je saute un peu, je recolle sur le plat. »
Sauf que… encore faut-il que le peloton ne décide pas de rouler à plus de 40 juste après. Et parfois, ça arrive : de grosses accélérations où on dépasse les 40 km/h, souvent parce que 2-3 coureurs tentent de sortir, et tout le monde se met en file indienne, ça appuie, ça verrouille.
Moi, je fais le choix : je suis. Je ne veux pas sauter.
Km 35 : ça s’accélère, et je refuse de décrocher
Au 35e km, je suis encore dans le match. Et c’est là que je comprends un truc : tenir le peloton, ce n’est pas juste “avoir des jambes”. C’est aussi accepter de se faire peur.
Il y a des passages où ça frotte un peu, où ça remonte à l’intérieur, où tu dois choisir une roue, une trajectoire. Mais les virages sont plutôt larges, on passe à plusieurs de front, ça garde de la vitesse, et ça… ça m’aide.
Puis on revient vers la bosse qui me fait mal. Celle où je sais que je suis fragile.
Je décroche un tout petit peu parce que le peloton s’étire. Et là, je vois le truc que je déteste : un trou.
Je suis un peu loin des roues. Et si tu laisses ce trou vivre, c’est fini.
Alors je force pour remonter. Je regarde mes sensations : au niveau cœur, je suis à 153 bpm (pour 180 bpm max). Donc cardio, ça va. Mais je le sens : je manque de puissance sur ces transitions. Les autres te déposent et toi, t’as l’impression d’être planté.
Je m’arrache quand même. Je comble. Ça monte à 161 bpm. Je suis stressé, mais je me dis : « Ok, ça va le faire. » Devant, ça fait un gros front, ça protège du vent, et je finis par rentrer.
Et à un moment, un coureur me remercie. Ça paraît anodin, mais moi ça me met un petit boost : j’ai vraiment eu l’impression d’être utile, pas juste accroché.

Le virage à angle droit : 600 watts et zéro discussion
À un moment, je suis bien placé, autour de la 15e / 20e position.
Et là, gros virage à angle droit, le genre de virage qui te casse la vitesse et te fait très mal si tu relances trop tard.
Je ne réfléchis même pas : je relance fort, 600 watts pour aller chercher 40 km/h.
Pas de débat. Pas de « je gère ». Là, c’est clair : si je me fais décrocher sur une relance comme ça, je le paye derrière.
Je sors du virage, je souffle, et je me dis : « Ok, après tu peux respirer. » C’est exactement ça : tu fais l’effort au bon moment, et ensuite tu te fais “porter”.

Vers la fin : « heureusement que c’est 8 tours…«
À un moment, je me fais encore déposer dans une bosse / faux-plat. Pas un mur, pas un gros dénivelé, mais un truc long, usant.
Et je lâche une pensée très honnête : si on devait faire 10 tours, je ne suis pas sûr que je tiendrais. Là, c’est 8 tours, et quelque part… heureusement.
Mais je recolle juste après, ça me rassure, et je continue. Parce que dès que c’est plat, je sais que je peux remettre du rythme.
Le dernier tour : la bascule mentale
Et puis arrive ce moment que j’attendais : j’ai déjà 60 km dans les jambes, et je comprends que c’est le dernier tour.
Je me parle dans la tête : « C’est bon. Tu peux finir avec le peloton. Pour la première fois. Continue. »
On repasse la bosse qui m’embêtait. Et là, différence énorme : le peloton a un peu ralenti, ça passe autour de 30. Je me dis en rigolant : « OK… pas besoin de sortir 500 watts. » Là on est plutôt à 350-400 watts et ça change tout. Je suis plus « dans le rythme », moins dans le rouge.
Franchement, je suis bien. Je sens qu’il me reste de l’énergie. Et ça, c’est nouveau pour moi !
Les 5 derniers kilomètres : je suis devant… et je panique presque
À environ 5 km de l’arrivée, je réalise un truc : je suis vraiment à l’avant !!
Et là… réaction bizarre : au lieu de me dire « vas-y », je me dis « oh là, attends ». Je freine presque. Je me range. Parce que je n’ose pas. Je manque d’expérience dans ces placements-là.
Je suis en forme, mais je ne veux pas faire n’importe quoi. Je me répète : « Chaque chose en son temps. D’abord tu finis dans les roues avec le peloton. On verra plus tard pour jouer aux gros relais. »

Les 3 derniers kilomètres : je commence à m’amuser
Dernier tour, il reste 3 km.
Là, je me dis : « OK, tu peux remonter un peu. » J’en profite, même si la route est encore défoncée par endroits. Je double, je remonte, je prends de l’élan. Je suis content parce que je sens que je peux le faire.
Je ne vais pas jouer le sprint, je connais mes limites. Mais je veux finir propre, bien placé, sans me faire enfermer.
Le dernier kilomètre : ça frotte, ça se serre… et je me fais piéger
On y est : moins d’un kilomètre.
Je vois un passage à droite. Je me dis « ça roule ». Sauf que… zéro expérience dans ces moments-là. Ça se serre. On est quatre de front. Et là, je suis clairement pas dans mon élément.
Un coureur devant me serre un peu vers le bord. Je n’ose pas passer. Et en deux secondes, c’est plié : lui s’y met, et moi je ne peux plus doubler. Je me retrouve tanqué à 200W, frustré, un peu dégoûté, parce que dans ma tête j’étais prêt à « balancer tous les watts ».

Et puis ça se dépile un peu. Ouverture. Là, je peux envoyer. C’est dommage parce que je me suis fait serrer, mais je joue avec ce que j’ai. Je roule, je double quelques gars, et je vois la ligne : dans 200 mètres, c’est fini.
Je passe la ligne. Et là, je le dis comme un gamin : « j’ai enfin fini avec le peloton pour la première fois« .

Analyse à froid
Ce qui a fonctionné
- Le placement : globalement, j’ai été beaucoup plus souvent « dans le bon wagon », surtout comparé à ma course précédente.
- La gestion mentale : je me suis répété les bons objectifs au bon moment (survivre, recoller, patienter).
- Le cardio : à certains moments clés, j’étais encore « bien » (153 bpm), donc pas en train d’exploser de partout.
- Les relances décisives : le virage à angle droit, la relance à 600 watts… c’est le genre de move qui te maintient dans le groupe.
Ce qui n’a pas fonctionné
- Les bosses / faux-plats : dès que ça accélère en montée, je prends cher. Même en étant à 300-400 watts, j’ai l’impression d’être scotché.
- Les transitions roue / trous : quand on me dépose, je suis “sur place”. Il y a un vrai travail de puissance / explosivité à faire.
- Le final : manque d’expérience, je me fais enfermer, je n’ose pas passer, je me retrouve à 200W au pire moment.
Matériel & gestion
Je n’avais pas de stratégie « matos » particulière à Abzac : l’important était surtout de tenir les roues et d’être propre dans les relances.
Mais j’avais de quoi suivre mes infos en course : watts, fréquence cardiaque, cadence (je vois notamment que je tourne à 106-107 rpm à un moment). Ça m’aide beaucoup à comprendre après coup où je suis bien… et où je me fais déposer.
Côté gestion : sur un circuit comme ça, roulant mais nerveux, le vrai carburant, c’est surtout :
- le placement,
- la lecture des relances,
- et la capacité à remettre un coup de rein sans exploser.
Conclusion : une étape qui change tout
Cette course, elle ne m’a pas juste « fait plaisir ». Elle m’a fait franchir un cap.
Le circuit m’a plu : roulant, fun, des petites bosses qui piquent mais qui ne cassent pas tout, et surtout une dynamique où je peux apprendre à courir dans un groupe, pas à côté.
Je retiens un truc simple : je peux le faire.
Je peux tenir. Je peux recoller. Je peux même me retrouver devant… et avoir encore du jus.
La prochaine étape, maintenant, c’est claire : devenir moins fragile dans les bosses et être plus malin dans le final.
Mais aujourd’hui, je savoure. Parce que oui : j’ai enfin fini avec le peloton en ce jour du 10 août 2025 !









