Sommaire
- 1 Pourquoi rouler en peloton ?
- 2 Que dit le Code de la route pour les groupes cyclistes
- 3 Comment fonctionne l’aérodynamisme sur un vélo ?
- 4 Comment doivent rouler les cyclistes en groupe
- 5 Comment prendre le relais dans un peloton ?
- 6 Comment rouler en groupe en montagne ?
- 7 Quels sont les codes dans un peloton de vélo ?
Bien rouler dans un peloton, ça s’apprend, surtout quand on débute en cyclisme. Si les sorties vélo en groupe donnent une bonne occasion de pratiquer son sport entre potes, elles demandent tout de même une certaine discipline.
Et oui, les gamelles sont possibles, entre les écarts soudains de trajectoire, les freinages intempestifs ou les baisses d’attention.
Mieux vaut acquérir de bons réflexes pour rouler en peloton sans risques.
Voici un dossier pour connaître les bons comportements à adopter à vélo au sein d’un peloton.
Pourquoi rouler en peloton ?
Il faut reconnaître que rouler en groupe est bien plus agréable que de pédaler tout seul au guidon de son vélo. Les kilomètres défilent plus vite et les difficultés sont plus faciles à appréhender.
Pédaler en peloton permet d’économiser son énergie ou de déployer plus d’efforts pour accompagner ses copains. Selon la position que vous tiendrez dans le groupe, vous pouvez vous retrouver totalement exposé à la résistance de l’air en tête de groupe ou pédaler bien à l’abri pour rentrer à bon port sans trop se griller.
Pour débuter le cyclisme, rouler en groupe permet de rouler plus vite que lorsqu’on est tout seul. C’est une formidable façon de progresser si les niveaux sont homogènes et de gouter au joie de la vitesse. Pour cela, choisissez toujours un groupe de votre niveau (ou légèrement plus fort). L’idéal dans une préparation cycliste, c’est d’alterner les entraînements à plusieurs et ceux en solo.
Je vous recommande ma vidéo où je présente l’anneau de Longchamp qui est un lieu très connu pour rouler avec d’autres cyclistes passionnés (ouvert à tous gratuitement) :
Que dit le Code de la route pour les groupes cyclistes
Impossible d’occuper tout l’espace sur une voie de circulation. Non seulement c’est interdit, mais en plus, c’est dangereux.
Le Code de la route autorise à rouler à deux de front hors agglomération et impose de se repositionner en file indienne dans les cas suivants :
- Lorsqu’un véhicule arrive par à l’arrière et souhaite dépasser le groupe ;
- Par manque de visibilité ;
- Par temps de pluie ;
- À la tombée de la nuit ;
- En agglomération, bien évidemment.
Dès que votre groupe dépasse les 10 personnes, les fédérations cyclistes préconisent de le scinder en 2. Laissez la place d’un véhicule entre les 2 groupes pour qu’il puisse se rabattre en toute sécurité.
Je rajouterai que ce sont des règles et que l’on peut les adapter. C’est à dire qu’on peut être cool et partager la route sans prise de tête en laissant passer les autres usagers plus rapide. 😉
Comment fonctionne l’aérodynamisme sur un vélo ?
L’air sur un vélo : un élément de résistance
Pour comprendre le phénomène d’aspiration et de résistance, il faut partir de l’air en tant que fluide. Ce fluide gazeux est par nature un élément qui présente une résistance. On doit déployer des efforts pour le pénétrer. Ajoutez à cette difficulté le paramètre du vent, vous avez alors des circonstances qui demandent beaucoup d’énergie pour avancer.
Quand on pédale en groupe, les personnes en tête du peloton sont surexposées à ces éléments de résistance. Ce sont donc eux qui vont fournir l’effort nécessaire pour fendre l’air et créer des couloirs aux copains du groupe cycliste.
Le principe d’aspiration dans un groupe cycliste
On considère que le cycliste suiveur qui roule dans la roue économise 30 % de son énergie. Mieux, une étude de Bert Blocken, un professeur en aérodynamisme à l’université d’Eindhoven, a mis en lumière que les personnes au milieu et en queue de peloton sont celles qui s’économisent le plus.
Les cyclistes à l’arrière du peloton bénéficient même d’un phénomène de poussée d’air, ce qui leur permet de pédaler avec beaucoup plus d’aisance et de profiter des effets du drafting. La résistance à l’air est comprise entre 5 et 10 % à l’arrière alors que pour le leader, elle s’élève à 86 % !
Il en est de même pour les coureurs sur les places latérales : ils s’exposent beaucoup plus que leurs voisins à l’intérieur du groupe.
J’ai pu filmer un exemple concret de l’effet drafting dont j’ai pu bénéficier en suivant un groupe avec un niveau nettement supérieur au mien :
L’aspiration sur home-trainer
On peut même profiter de l’effet de drafting en sortie groupe ou en compétition virtuellement sur home-trainer connecté. Les simulateurs de vélo tels que Zwift, BKool ou RGT cycling reproduisent le phénomène d’aspiration sur un smart trainer.
Par exemple, lors d’une de mes courses sur route UFOLEP, j’ai pu m’accrocher au peloton de tête et bénéficier de l’aspiration sur les premiers kilomètres.
Or il m’a fallu fournir un effort considérable en pédalant seul, j’ai bien essayé de me raccrocher à des copains quand ils me doublaient, mais ça n’a pas suffi…
Un autre exemple sur Bkool en virtuel sur une simulation de cyclisme, à partir de 7min07, vous pouvez me voir suivre un concurrent et arrivait à le suivre malgré un gros déficit de watts de mon côté ! Grâce au drafting, j’arrive à tenir sur le plat (dans les montées forcément, je ne peux plus faire illusion sans cette aide) :
Comment doivent rouler les cyclistes en groupe
Pour sortir en peloton de manière efficace et sécurisée, voici quelques conseils que vous pouvez suivre.
Le placement dans la file
La Fédération Française de Cyclotourisme (FFVélo) recommande de laisser l’espace d’un demi-vélo entre chaque cycliste. C’est une distance qui sécurise le groupe, mais qui va demander des efforts supplémentaires pour garder le rythme, car à cette distance, l’efficacité du drafting est plus faible.
Lorsque vous roulez en club, le responsable de la sortie ou le règlement du club prévoit la façon de se placer en sortie, entre un peloton en une file ou en 2 lignes, en fonction du parcours.
La position pour prendre l’aspiration
Pour profiter de l’aspiration, il est d’usage de laisser entre 10 et 15 cm entre votre roue et la roue arrière du coureur qui vous précède. C’est une position qui demande beaucoup de vigilance, car la distance est vraiment très réduite.
De quel côté faut-il se placer, à droite ou à gauche du cycliste ? Fiez-vous au sens du vent, je vous explique ce point en détail un peu plus loin.
Lors d’une sortie à 4 cyclos, si l’un des coureurs est fatigué, mieux vaut constituer un mur d’air avec un cyclo à l’avant suivi de 2 autres roulant de front devant lui plutôt que de rouler en file indienne.
La vitesse
Gardez une vitesse régulière (en km /h) en surveillant votre compteur, sans à-coup, avec une trajectoire rectiligne, en évitant les zigzags.
Bien sûr, on évite les coups de frein brusques, sauf urgence. Le cycliste suiveur doit pouvoir rouler sans craindre vos mouvements ni vos trajectoires aléatoires. On reste souple et régulier !
La vitesse est trop rapide pour vous, lorsque vous êtes à l’arrière ? Demandez à baisser de 1 ou 2 km/h en criant “moins 1” ou “moins 2”. L’information pourra remonter jusqu’au leader qui décidera quoi faire. De toutes façons il y a peu de chances que vous puissiez tenir ce rythme pendant 3 heures.
Généralement, plusieurs pelotons prennent le départ où chacun va avoir une vitesse spécifique (par exemple 30 à 32 km/h, un autre à 28 à 30 km/h, etc.) ce qui vous permettra de décrocher de votre peloton actuel et de récupérer le peloton précédent si tous les pelotons roulet sur le même parcours.
L’anticipation
Soyez à l’affût de toutes les infos données par vos collègues cyclos et transmettez les mêmes indications à votre tour. Regardez le positionnement des coureurs pour pouvoir anticiper si vous devez vous écarter ou freiner.
Quand on pédale dans un peloton, on ne regarde pas uniquement devant soi. On reste concentré jusqu’à l’arrivée en surveillant l’environnement, les bruits ou les pièges qui peuvent survenir. D’ailleurs, c’est souvent près de l’arrivée que l’on constate des chutes dans le peloton, quand la vigilance baisse après un gros effort.
Les incidents et les crevaisons
Lorsqu’un de vos camarades cyclistes subit un aléa comme une crevaison et doit s’arrêter, le groupe attend avec lui qu’il soit en mesure de reprendre la route. L’attente doit se réaliser dans un endroit sécurisé, sans empiéter sur la chaussée.
Évitez les arrêts à l’approche de virages ou d’un sommet de côte. Vous devez être visibles par les véhicules sans surprise.
Lire aussi : Les bons plans de réparation vélo
Comment prendre le relais dans un peloton ?
Vous êtes à l’avant du peloton et vous voulez passer le relais ? Ici aussi, il va falloir anticiper et suivre des règles de passage de relais. La manœuvre doit être fluide.
La durée d’un relais en tête de peloton
Lorsque le groupe de cycliste le permet, assurez les relais à tour de rôle. S’il y a du vent de face, tournez fréquemment pour mener l’allure.
Le niveau de fatigue
Quand vous êtes en tête du groupe, cédez votre place avant d’être épuisé. Gardez des forces pour suivre le peloton en position de suiveur sinon, vous allez décrocher.
Pédalez selon vos capacités physiques, l’objectif est de rester frais et lucide jusqu’au bout de la sortie.
L’information au suiveur
Avant d’entreprendre votre changement, regardez si les conditions à l’avant et à l’arrière le permettent, qu’aucun obstacle ne va vous gêner. En particulier, on évite de changer de place s’il y a du dénivelé, avant une courbe ou en agglomération.
Prévenez alors le suiveur de votre intention. Les gestes courants pour indiquer un changement de relais sont :
- mains sur le guidon, donnez des coups de coude vers l’avant ;
- montrez l’info avec des petits cercles de la main au-dessus de votre tête.
La position en relais
De quel côté doit-on se placer pour descendre en relais ? Tout dépend du sens du vent et de la façon de rouler, en file indienne ou 2 de front.
Le peloton 1 ligne
En général, pour des déplacements en file indienne, c’est-à-dire en peloton sur une ligne, le coureur qui passe le relais se décale à gauche et se laisse doubler par la file qui remonte sur sa droite. De cette façon, il n’y a qu’un seul cycliste qui s’expose vraiment aux véhicules.
La seule situation où le passeur de relais reste à droite, c’est lorsqu’il y a du vent latéral depuis la droite. C’est toujours celui qui descend qui reste en prise au vent.
Le peloton 2 lignes parallèles
Lorsque vous roulez à deux de front, le passage en relais se déroule par la droite ou par la gauche. Le groupe est alors divisé en 2 files qui montent ou qui descendent.
Pour définir comment vous allez tourner, c’est le vent qui va vous guider. La règle reste la même, la file qui descend reste en prise au vent.
Ligne de repli sur la droite (Vent de face, arrière, de travers à droite et latéral à droite)
Ligne de repli sur la gauche (Vent de face, arrière, de travers à gauche et latéral à gauche)
Le peloton en éventail
Ce positionnement de groupe est plutôt adapté à la compétition, lorsque la route est neutralisée pour la course. Le groupe va s’étaler sur une grande partie de la chaussée, ce qui est strictement interdit pour une sortie club en loisir.
Ici aussi, le vent guide le placement. Lorsque les rafales arrivent par la droite, c’est le coureur qui est en tête qui descend par la droite, laissant le suiveur monter par sa gauche pour prendre le relais.
Dans ce cas, celui qui prend le relais doit être bien synchronisé avec les autres coureurs dans sa roue avant de rejoindre la place à droite.
Peloton en éventail sur 1 ligne avec un vent de travers à droite :
Peloton en éventail sur 2 lignes avec un vent de travers à droite :
Peloton en éventail sur 1 ligne avec un vent de travers à gauche :
Peloton en éventail sur 2 lignes avec un vent de travers à gauche :
Les bordures
Vous avez forcément entendu parler du coup de la bordure en peloton. En roulant en groupe loisir, je vous déconseille de piéger les potes, sauf si vous avez envie de jouer… Le placement en bordure est utilisé pour faire sauter les coureurs du peloton. C’est une stratégie des équipes en compétition.
Les coureurs profitent d’un vent latéral puissant de ¾ face pour accélérer en se plaçant en éventail. Au-delà d’une certaine place, les cyclistes ne peuvent plus se mettre en éventail et se retrouvent coincés en file indienne, à découvert. Ils ne bénéficient plus de l’effet drafting et doivent déployer de gros efforts pour suivre le rythme et rester dans le peloton.
Quand un coureur décroche, la bordure se crée. C’est une tactique courante sur des épreuves en bord de mer, par exemple.
La vitesse
Lorsque le suiveur a compris que vous voulez descendre la file, ralentissez de 2 à 3 km/h pour le laisser passer. Ce n’est pas lui qui accélère, il doit pouvoir vous doubler en maintenant son allure. En fait, tout doit se dérouler sans à-coups ni accélérations.
Si c’est vous qui prenez le relais, gardez la même allure pour mener le groupe.
L’obstacle pendant le relais
Même en ayant pris toutes les précautions, il peut arriver qu’un obstacle ou un véhicule se trouve soudainement sur votre trajectoire.
Dans ce cas, si vous êtes encore en position de descente de file, pistez l’endroit où vous souhaitez vous intercaler. Les cyclos qui suivent doivent alors ralentir pour vous laisser de la place. C’est l’unique raison qui les oblige à ralentir. Lorsque le danger est passé, vous pouvez à nouveau vous détacher et rejoindre la fin de la file.
La fin du relais
Une fois la manœuvre terminée, on ne se rabat pas brusquement pour reprendre une place dans la file. Vous devez vous assurer que toute la file est passée avant de vous rabattre. D’ailleurs, le serre-file doit vous indiquer qu’il est dernier. Ne cassez pas le rythme des autres sous prétexte que vous changez de position.
Comment rouler en groupe en montagne ?
Vous avez l’intention de monter un col en montagne avec un groupe de cyclos ? Bravo, mais il va falloir suivre quelques principes au sein du peloton.
Les montées
Dès le départ, ne partez pas en surrégime pour suivre le groupe. Économisez vos efforts pour arriver jusqu’au sommet. Si la sortie se fait en groupe, la règle est d’attendre les retardataires à chaque sommet des bosses. Chacun doit monter à son rythme.
Si vous êtes en difficulté, restez bien à droite de la chaussée pour que les suiveurs puissent vous doubler sans déployer de gros efforts ou se mettre en danger en vous dépassant. De même, si vous devez mettre pied à terre, les autres pourront continuer leur chemin.
Vous voulez vous mettre en danseuse ? Attention à la personne qui vous suit. Si sa roue colle la vôtre, vous pouvez la faire tomber. Donc, on l’avertit.
Les descentes
Si vous faites la descente en tête du peloton, assurez-vous que vos poursuivants ne soient pas freinés par votre rythme. Le groupe de cyclistes doit rester en file indienne en gardant une distance de sécurité entre les vélos. La sécurité est primordiale, car vous allez atteindre des vitesses importantes (supérieures à 50 km/h).
Assurez votre stabilité. Placez vos mains plutôt dans le creux du cintre en partie basse, la position haute ne permettant pas de maintenir une position aérodynamique. Vous serez plus stable en prenant de la vitesse ou lors de freinage dans les virages.
Quels sont les codes dans un peloton de vélo ?
La communication au sein d’un groupe de cyclistes
Lorsque des cyclistes vous suivent, donnez-leur les informations importantes en faisant un signe de la main et en exprimant simplement ce que vous désignez comme :
- les obstacles (trous dans la chaussée, bouches d’égout, mobilier urbain, bris de verres, flaques, piéton, véhicule stationné, etc.) ;
- les changements de direction.
Montrez l’endroit précisément et appuyez votre geste par une information orale brève et claire. Chaque coureur doit procéder ainsi de manière à ce que le message parvienne jusqu’au dernier coureur (sans erreur). Donnez l’information avec un peu d’avance pour éviter de surprendre les suiveurs.
Vous devez faire une pause, vous alimenter ou vous moucher ? Avertissez les copains, pour qu’ils adaptent leur conduite à vos gestes. L’idéal est de passer en dernière position pour s’alimenter, boire ou enlever un vêtement, quand on doit lâcher le guidon.
Ayez toujours un oeil sur les suiveurs. Assurez-vous notamment qu’ils suivent le rythme sans difficulté.
Quand on est en dernière position, on annonce l’arrivée d’un véhicule par l’arrière aux autres. Il n’y a pas que le meneur qui assure de la sécurité du peloton.
Les signaux faciles à retenir quand on roule en peloton
Bien que certains clubs possèdent leurs propres codes, voici quelques signes faciles à comprendre qui vous permettront de bien rouler à vélo dans un peloton. La consigne est donnée à l’oral au même moment.
- Arrêt : levez le bras gauche ;
- Ralentir : bras gauche vers l’arrière avec le coude plié et la main vers le bas qui tapote rapidement ;
- Virage à gauche : bras gauche tendu à l’horizontale ;
- Virage à droite : bras droit tendu à l’horizontale ;
- Trou sur la chaussée : pointez l’index en direction du trou ;
- Bouche d’égout : bras du côté de la bouche, effectuer des mouvements circulaires, index tendu vers la bouche ;
- Gravier ou sable : du côté du gravier, doigts écartés, main qui oscille ;
- Obstacle (voiture garée sur le trajet) : main du côté de l’obstacle, coude plié derrière son dos, mouvement latéral avec la main pour indiquer de s’écarter ;
- Changer le relais : le cycliste à l’avant écarte son coude droit et répétition du mouvement ;
- Incident nécessitant un arrêt : levez le bras en indiquant le type d’incident et tendez le bras à droite pour vous arrêter.
Lire aussi : Comment rouler pour éviter des accidents vélo
Rouler en peloton dans un groupe demande concentration, confiance et solidarité entre cyclos tout au long de la sortie. C’est aussi une responsabilité vis-à-vis de ses camarades cyclistes. Mais, c’est d’abord un excellent moyen de progresser en se motivant entre passionnés.
Et vous, aimez-vous rouler en peloton ? Partagez vos anecdotes ou vos conseils.